La prévention des risques doit naturellement être au cœur de la stratégie de l’entreprise. La gestion des risques professionnels est rarement une chose simple. Néanmoins, lorsque l’entreprise a une activité bien précise, le périmètre peut être plus restreint. Les risques sont alors plus facilement identifiables et des mesures de prévention et de protection peuvent être prises. En revanche, lorsque de multiples facteurs de risques se côtoient, s’accumulent, dans un environnement parfois complexe, il est impératif d’adopter une approche scientifique afin d’établir des règles de prévention claires et efficaces. C’est à ce moment que la cindynique intervient.
Sommaire
Qu’est-ce que la cindynique ?
Ce mot vient du grec « kindunos » qui signifie « danger ». La cindynique peut être définie comme la « science du danger ». Il s’agit ni plus ni moins qu’une approche scientifique du danger.
Apparue à la fin des années 80, la cindynique a pour objectif de modéliser les risques afin d’en optimiser la prévention. Si l’on part du principe qu’il n’existe pas de fatalité, la cindynique va permettre d’identifier de manière scientifique les causes d’un accident, les risques qui en sont à l’origine et permettre de mettre en place des mesures de prévention. L’analyse de catastrophes comme celle de Bhopal (accident chimique, 1984), l’explosion de la navette spatiale américaine Challenger (1986) ou encore celle de Tchernobyl (nucléaire, 1986) ont notamment permis de mettre en lumière la difficulté de la gestion des risques dans des environnements complexes.
Les risques sont généralement classés en différentes catégories. Chaque catégorie de risques a son domaine d’application : hygiène et sécurité, fiabilité, sûreté de fonctionnement… Des méthodes de prévention des risques efficaces ont été développées dans chacune des catégories. Malheureusement, il subsiste un cloisonnement fort entre ces catégories qui ne permet pas d’arriver à une prévention des risques efficaces dans un environnement complexe.
La cindynique permet une approche pluridisciplinaire de la gestion des risques. Elle ne se cantonne pas à une catégorie de risques. La cindynique puise dans différentes sciences pour en tirer les connaissances nécessaires à la gestion et à la prévention des risques. La physique et la chimie sont utilisées pour les risques industriels. La météorologie comme la géologie le sont pour les risques naturels. Les techniques de modélisation empruntent à la théorie de systèmes et des jeux. Les sciences humaines, sociales, économiques, politiques, l’épidémiologie, la toxicologie et la psychologie apportent également leur pierre à l’édifice.
La cindynique essaie de prendre en compte tous les facteurs de risques pour les identifier, les qualifier et mettre au point des méthodes de prévention adaptées.
Les cinq dimensions du danger
Pour évaluer un risque, on étudie le danger associé. On s’intéresse notamment à la fréquence à laquelle peut apparaître ce danger et la gravité de ses conséquences potentielles. Il est possible de calculer un niveau de criticité à partir de ces deux données. Un risque identifié aura une criticité plus haute si le danger est fréquent et peut avoir de graves conséquences en termes de santé, d’environnement… La criticité sera en revanche plus basse s’il n’est pas fréquent et que les dommages occasionnés restent faibles.
Le modèle d’analyse des dangers et des risques que propose la cindynique a cinq dimensions.
1- Les faits (espace statistique)
Ces données sont issues de l’expérience acquise lors de précédentes catastrophes ainsi que de statistiques issues de différentes banques de données. Ces informations sont collectées auprès d’organismes et d’entreprises publics et privés. Les données moins précises ou peu fiables doivent être triées et mises de côté pour laisser place aux données les plus complètes et utiles, celles qui seront significatives.
2- Les modèles (espace épistémique)
Les modélisations mathématiques et les simulations informatiques sont élaborées à partir de banques de connaissances existantes. Ces connaissances sont physiques, géologiques, chimiques ou encore médicales. Ces modèles fiables permettent d’optimiser les temps de prise de décision et d’obtenir des estimations précises quantitatives et qualitatives des effets des mesures de prévention. Grâce à ces modèles et aux simulations, il est possible de tester précisément les différents équipements de protection en fonction des nombreuses situations possibles.
3- Les objectifs (espace téléologique)
En fonction des protagonistes impliqués dans la gestion des risques, les objectifs peuvent être différents. Ils peuvent même être parfois totalement opposés. Un des acteurs peut être tenté de minimiser les risques le concernant au détriment des autres. Cette situation est souvent rencontrée dès lors qu’il existe des intérêts économiques divergents.
Chaque acteur va présenter ses objectifs et la politique de gestion des risques qu’il compte mettre en œuvre. A partir des données collectées, une hiérarchie des objectifs va être établie. Ce travail est indispensable. S’il n’est pas mené à bien, il risque de subsister des zones d’ombre dans la prévention du danger qui sera nécessairement moins efficace.
4- Les règles (espace déontologique)
Ces règles sont acceptées et appliquées par tous les acteurs. Elles sont constituées de normes, réglementations, lois…
5- Les valeurs (espace axiologique)
Le système de valeurs détermine la réaction et le comportement des personnes face à un risque ou un danger. La notion de danger peut varier d’une personne à l’autre. Il peut donc être difficile de décider des mesures de prévention à mettre en place et de les mettre en œuvre. En fonction de la culture ou pire, de l’idéologie, la perception d’un risque peut être totalement différente d’un individu à l’autre.
L’étude des dangers
La cindynique va donc se baser sur ces cinq dimensions pour étudier les dangers :
- Identification des objectifs collectifs à atteindre.
- Respect d’un cadre déontologique commun.
- Prise en compte des contraintes et des valeurs.
- Réflexion basée sur des faits réels et des données statistiques fiables : hiérarchisation des dangers.
- Utilisation de modèles mathématiques et de simulations informatiques : identification des moyens les plus efficaces à mettre en œuvre, répondant aux attentes de tous les acteurs.
Pour chaque acteur ou groupe d’acteurs, les cinq dimensions vont être prises en compte. Au fur et à mesure de l’ajout d’un acteur, les informations obtenues de l’étude des cinq dimensions des acteurs précédent sont prises en compte. De cette façon, on identifie petit à petit les lacunes dans les modèles et dans les données. Ils sont complétés au fur et à mesure afin de prendre en compte toute la complexité de la situation.
Que sont les plans de l’hyperespace cindynique ?
Les plans formés par ces cinq dimensions forment un hyperespace :
- Plan « faits x modèles » (ou « statistique x épistémique ») : ce plan représente les connaissances scientifiques permettant d’identifier et de comprendre les dangers. Il s’agit des informations issues de la physique, des mathématiques, de la chimie, de la biologie ou encore de l’informatique.
- Plan « règles x valeurs » (ou « déontologique x axiologique ») : ce sont les connaissances en sciences sociales. Les aspects psychologiques, sociologiques ou encore juridiques sont pris en compte dans ce plan.
Il est impératif de prendre en compte les deux plans dans leur globalité pour obtenir une analyse des risques complète. La prise en compte d’un seul axe ou d’un seul plan conduit inévitablement à la catastrophe.
Mise en application de la cindynique
La cindynique met en évidence les dysfonctionnements susceptibles de provoquer des dangers. Des événements non souhaités (ENS) peuvent survenir et être à l’origine de dangers. Les probabilités qu’ils arrivent et leur intensité dépendent des flous, des contradictions ou encore des oppositions subsistant après l’analyse des risques. Ces défauts persistants sont appelés « déficits cindyniques » et peuvent être de différentes natures :
- Les déficits managériaux : quand l’expérience n’est pas prise en compte, qu’aucune prévention n’est mise en place, que la formation n’est pas à la hauteur ou qu’il n’y a pas de réelle préparation à la gestion d’une situation de crise.
- Les déficits organisationnels : lorsque la productivité et la rentabilité passent avant la sécurité et la santé, ou que les responsabilités sont trop diluées.
- Les déficits culturels : lorsque l’on se sent infaillible, que l’on minimise les risques et que la communication est cloisonnée.
Après une catastrophe, le rapport de la commission d’enquête chargée de faire la lumière sur les conditions qui ont mené à cette situation pointe systématiquement un ou plusieurs de ces déficits cindyniques. En appliquant la méthode jusqu’au bout et en prenant les mesures préventives appropriées, on diminue considérablement les risques.
Même si la cindynique est adoptée par de nombreuses entreprises, elle n’est pas parfaite ni infaillible. La cindynique a ses limites. La première de ces limites est de se concentrer sur le facteur humain. Cela peut entraîner un manque de rigueur et des résultats erronés ou pire, truqués. La seconde limite de la cindynique est son approche scientifique. Tout ne peut pas se réduire à une équation mathématique. La cindynique permet d’obtenir une cartographie globale des risques liés à une situation particulière. Le niveau de risque en revanche ne peut pas être mesuré précisément.
Pour conclure sur la cindynique
La cindynique permet de cerner les principaux risques associés à un environnement complexe. Des mesures de prévention peuvent alors être définies et mises en œuvre. Parmi ces mesures de prévention, on trouve les mesures de protection des salariés. Les équipements PTI Dati Plus apportent un niveau de sécurité à vos salariés particulièrement élevé.
N’hésitez pas à nous contacter afin que nous puissions déterminer ensemble la solution de protection la mieux adaptée à la situation de vos travailleurs.