L’essentiel à retenir sur la courbe de Bradley
📊 La courbe de Bradley est un modèle puissant qui illustre comment une organisation peut faire évoluer sa culture de sécurité, depuis une posture réactive jusqu’à un niveau d’excellence collective.
🧩 En identifiant quatre stades clés — Réactif, Dépendant, Indépendant et Interdépendant — elle offre une grille de lecture simple mais stratégique pour guider la transformation des comportements et des pratiques sur le terrain.
🌍 Utilisée dans des milliers d’entreprises à travers le monde, elle permet non seulement de réduire les accidents, mais surtout de bâtir un environnement où la sécurité devient une responsabilité partagée.
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L’entreprise a l’obligation légale d’assurer la sécurité physique et mentale de ses salariés. L’étude et l’analyse régulières des conditions de travail des salariés et la mise en place d’actions de prévention sont indispensables. Néanmoins, si des outils adaptés ne sont pas mis en place, il est difficile d’évaluer l’efficacité de ses mesures. Savoir comment se situe l’entreprise en termes de prévention et de sécurité au travail est important. La courbe de Bradley est un puissant outil pour permettre de développer une politique et une culture de sécurité durable dans l’entreprise.
Sommaire
- Qu’est-ce que la courbe de Bradley ?
- Historique et contexte de la courbe de Bradley
- Le stade « Réactif »
- Le stade « Dépendant »
- Le stade « Indépendant »
- Le stade « Interdépendant »
- Quelques réflexions sur la courbe de Bradley et ses limitations
- Outil d’auto-évaluation : Où se situe votre organisation sur la courbe de Bradley ?
- Pour conclure sur la courbe de Bradley
Qu’est-ce que la courbe de Bradley ?
L’objectif de la courbe de Bradley est d’aider à comprendre ce qu’il faut faire dans l’entreprise pour modifier la mentalité et le comportement des salariés, management compris, et développer à terme une culture de la santé et de la sécurité au travail.
La courbe de Bradley décompose la progression en quatre étapes. Chaque étape défini un niveau d’implication et l’état d’esprit des salariés concernant la sécurité au travail. On trouve en ordonnée le taux d’accidents du travail et en abscisse l’évolution des comportements et de la culture de la sécurité dans l’entreprise. Il est donc possible de suivre l’évolution de l’entreprise et d’évaluer le chemin restant pour accéder à l’étape suivante.

Historique et contexte de la courbe de Bradley
La courbe de Bradley a été développée en 1994 par Vernon Bradley, alors consultant en sécurité pour le groupe industriel américain DuPont, dans un contexte marqué par une prise de conscience croissante des enjeux liés à la sécurité au travail.
À cette époque, DuPont, entreprise chimique majeure avec des processus à haut risque, cherchait à comprendre pourquoi certaines de ses usines affichaient de meilleurs résultats en matière de sécurité que d’autres, malgré des standards techniques similaires.
L’approche comportementale de la sécurité émergeait alors comme un levier stratégique, complétant les mesures techniques et réglementaires classiques.
La courbe de Bradley est née de cette réflexion, proposant un modèle simple mais puissant pour visualiser l’évolution de la culture de sécurité au sein des organisations.
Rapidement adoptée au sein du groupe DuPont, cette courbe a été utilisée comme outil de diagnostic et de transformation culturelle, aidant les entreprises à identifier leur niveau de maturité en matière de sécurité et à structurer leurs efforts pour progresser vers un environnement plus sûr, basé sur la responsabilité collective.
Le stade « Réactif »
La définition
Il s’agit de la première étape de la courbe de Bradley. A ce stade, le taux d’accident est maximal et les actions de prévention des risques inadaptées ou inefficaces.
Les caractéristiques du stade « Réactif » sont les suivantes :
- Sécurité par instinct naturel.
- Obéissance.
- Délégation au responsable sécurité.
- Manque d’implication de la direction.
- Le « zéro accident » est une hérésie.
A ce stade, les salariés ne se sentent pas ou très peu concernés par la prévention des risques et des accidents dans l’entreprise. Ils partent du principe que le zéro risque n’existe pas, que les accidents sont inévitables et qu’il faut simplement faire attention en travaillant. La sécurité est du ressort du responsable uniquement. Les salariés obéissent aux règles établies, mais ne les remettent pas en question, même si elles sont inefficaces.
La situation
L’entreprise ne se préoccupe que peu de la prévention des accidents. Le document unique (DU) a été réalisé parce qu’il doit l’être, mais il n’est pas utilisé. Les seules actions mises en place pour la prévention des risques l’ont été par obligation réglementaire. D’autres actions peuvent être mises en place, mais en réaction à un accident, et non en prévention. Les actions mises en place ne font en outre l’objet d’aucun suivi et il est donc difficile d’estimer leur réelle efficacité.
Si un responsable sécurité existe dans l’entreprise, il est généralement peu impliqué et la direction ne lui affecte pas les moyens qui lui permettraient d’être plus efficace.
Les risques
Le risque est important que le nombre d’accidents de travail et d’arrêts maladie continue de croître.
Tout cela joue beaucoup sur la situation générale de l’entreprise, avec un désengagement des salariés. Les équipes ne sont pas soudée, il n’y a pas de réelle culture d’entreprise et les conflits peuvent être nombreux. Les salariés ont tendance à reporter le poids de la sécurité sur le responsable désigné par la direction, alors qu’il n’a aucun moyen d’améliorer la situation.
Exemple concret
Une entreprise de logistique connaît une série d’accidents de manutention. La direction se contente d’envoyer des rappels par e-mail après chaque incident, sans analyser les causes profondes ni impliquer les équipes. Aucun changement durable n’est observé.
Le stade « Dépendant »
La définition
L’ensemble de la sécurité est liée à l’obéissance des salariés aux règles édictées. Ils pensent qu’il suffit de suivre les règles pour assurer la sécurité au sein de l’entreprise. Grâce à cette obéissance « aveugle » le nombre d’accident diminue légèrement. La direction considère donc que les accidents qui surviennent auraient pu être évité si les règles avaient été mieux respectées.
Les caractéristiques du stade « Dépendant » sont les suivantes :
- Engagement de la direction.
- Contrôle superviseur.
- Formation.
- Peur/discipline.
- Condition d’emploi.
- Le « zéro accident » n’est qu’un rêve.
La situation
La direction a mis en place des moyens humains et matériels à minima pour prévenir les risques au travail. L’étude et l’évaluation de ces risques a permis la mise en place d’actions, portées par un responsable de la sécurité. Les règles et consignes ont été rédigées et portées à l’attention des salariés.
Lorsque ce n’est pas suffisant et qu’un accident survient, une enquête est menée. Le résultat de cette enquête amène souvent en réaction la création d’une nouvelle procédure qui vient s’ajouter aux autres ou d’un rappel de l’existant.
Les risques
L’entreprise dispose à ce stade d’un responsable sécurité, de règles établies et de quelques indicateurs de suivi. Ces indicateurs suivent généralement les coûts associés aux accidents de travail. Ils mesurent la fréquence et la gravité des arrêts de travail ainsi que leur nombre.
La pression repose entièrement sur le responsable de la sécurité. Elle s’accroit « naturellement » à chaque nouvel accident. La tendance est donc plus à créer de nouvelles consignes pour se protéger que pour réellement améliorer la sécurité. Le responsable de la sécurité est rarement à temps plein et occupe donc un autre poste en parallèle. Il doit pourtant prendre en compte l’évolution de la réglementation et la gestion des accidents.
Exemple concret
Une usine agroalimentaire met en place des check-lists de sécurité obligatoires avant chaque intervention technique. Les employés les remplissent systématiquement, mais ne signalent pas les risques non couverts par la liste, attendant que la direction fasse évoluer les consignes.
Le stade « Indépendant »
La définition
Les salariés commencent à se responsabiliser et à s’impliquer dans la gestion des risques dans l’entreprise. Ils prennent conscience de l’importance des enjeux de la sécurité et réfléchissent à la façon dont ils pourraient eux-mêmes améliorer la situation. Ces actions et cette réflexion collective entraîne mécaniquement une diminution des accidents de travail.
Les caractéristiques du stade « Indépendant » sont les suivantes :
- Engagement personnel et standards.
- Valeur personnelle.
- Reconnaissance individuelle.
- Attention à soi.
- Le « zéro accident » est un objectif atteignable.
La situation
L’entreprise met en place une véritable stratégie de prévention des risques et de sécurité. Elle s’appuie sur la réglementation, mais va au-delà. Une communication efficace est mise en place à destination de l’ensemble des salariés, qui sont associés aux décisions les concernant pour la sécurité. Chacun fait attention à ce qu’il fait et réfléchit à ce qu’il pourrait faire. Les salariés travaillent dans de meilleures conditions, de façon plus sereine. Une démarche d’amélioration continue de la sécurité est mise en place.
Une communication performante à destination des salariés est d’autant plus importante que l’entreprise comprend des travailleurs isolés. Ils sont plus exposés aux différents risques et doivent avoir la possibilité de facilement remonter leurs besoins.
Les risques
Les risques sont grandement diminués à ce stade. Le collectif est mis en avant par rapport à l’individu et une communication efficace est mise en place. Le rapport coût/bénéfice est bien entendu évalué, mais si une action doit être reportée, elle est planifiée et budgétée.
Exemple concret
Un technicien dans une entreprise de maintenance détecte une anomalie sur une machine. Sans y être obligé, il interrompt l’opération, sécurise la zone, informe ses collègues et alerte le service HSE pour corriger le problème durablement.
Le stade « Interdépendant »
La définition
A ce stade, l’appropriation de la prévention des risques et de la sécurité par les salariés est une réalité. Les salariés ne sont pas passifs, ils sont les acteurs de leur propre sécurité et de celle de l’ensemble de leurs collègues. Ils agissent comme un collectif et non pas comme un ensemble hétérogène d’individus. Le « zéro accident » est atteignable.
Les caractéristiques du stade « Interdépendant » sont les suivantes :
- Esprit d’équipe.
- Responsabilité collective.
- Fierté organisationnelle.
- Le « zéro accident » est un choix stratégique.
La situation
La stratégie de prévention des risques et des accidents au travail est au cœur de la stratégie de l’entreprise. Elle engage l’entreprise sur le moyen et le long terme. Il s’agit également d’un critère de fidélisation des salariés. Ils sont impliqués dans le processus d’amélioration continue de la sécurité et de prévention des risques.
Les risques
A ce stade, les risques sont faibles grâce notamment à l’engagement des salariés dans le collectif. Ils sont acteurs et se préoccupent aussi bien de leur sécurité que de celle des autres. Le responsable sécurité a un rôle prépondérant et n’est pas qu’un relais entre les salariés et la direction de l’entreprise. Il sert de référent sur les questions réglementaires et d’animateur pour faciliter les interactions avec les salariés.
Attention cependant, le maintien d’un haut niveau de prévention et de sécurité tient beaucoup à la motivation des personnes. La culture d’entreprise doit être inscrite profondément chez tous les salariés. Ainsi, le départ d’un personne « moteur » dans le domaine de la sécurité ne fragilisera pas la stratégie mise en place.
Exemple concret
Dans une entreprise de construction, les ouvriers organisent entre eux une mini-réunion quotidienne de 5 minutes sur la sécurité. Ils partagent des observations, se rappellent mutuellement les bons gestes, et adaptent ensemble les méthodes de travail. La sécurité devient une dynamique collective, naturelle et continue.
Quelques réflexions sur la courbe de Bradley et ses limitations
Bien que la courbe de Bradley soit largement utilisée pour structurer l’évolution de la culture sécurité dans les entreprises, elle n’échappe pas à certaines critiques.
Plusieurs experts en gestion des risques estiment qu’elle adopte une approche trop centrée sur les comportements individuels, au détriment des facteurs organisationnels, techniques ou systémiques qui peuvent également être à l’origine des accidents.
En mettant l’accent sur la responsabilité personnelle, cette vision peut involontairement conduire à une forme de culpabilisation des employés, sans toujours interroger les choix de conception, la charge de travail, ou encore les défauts de communication managériale.
Par ailleurs, la progression linéaire suggérée par la courbe ne reflète pas nécessairement la complexité de l’évolution culturelle dans les grandes structures, où des dynamiques multiples coexistent souvent.
Ainsi, si la courbe de Bradley reste un outil utile de sensibilisation et de pilotage, elle doit être utilisée avec discernement et intégrée dans une démarche plus globale prenant en compte l’ensemble des déterminants de la sécurité.
Outil d’auto-évaluation : Où se situe votre organisation sur la courbe de Bradley ?
Répondez aux affirmations suivantes en attribuant une note de 1 à 5 :
(1 = Pas du tout vrai / 5 = Tout à fait vrai)
Affirmation | Note (1–5) |
---|---|
1. Nous réagissons principalement après qu’un accident se produise. | |
2. La sécurité est perçue comme la responsabilité des superviseurs. | |
3. Les règles de sécurité sont appliquées, mais rarement questionnées. | |
4. Les employés prennent des initiatives pour éviter les incidents. | |
5. Chacun se sent responsable de sa propre sécurité. | |
6. Les employés s’interpellent mutuellement en cas de comportement à risque. | |
7. Des discussions ouvertes sur la sécurité ont lieu spontanément entre collègues. | |
8. La sécurité est perçue comme une valeur partagée, pas seulement une obligation. | |
9. Des retours d’expérience sont régulièrement partagés et utilisés pour s’améliorer. | |
10. Le nombre de remontées volontaires d’anomalies ou de presque-accidents est en hausse. |
Interprétation des résultats :
Faites la somme de vos notes et reportez-vous au tableau ci-dessous :
Total | Position probable sur la courbe |
---|---|
10 à 20 | Stade Réactif : L’entreprise agit après les faits. Nécessité d’une prise de conscience. |
21 à 30 | Stade Dépendant : Les règles existent mais la motivation vient de la hiérarchie. |
31 à 40 | Stade Indépendant : Les individus sont impliqués, mais agissent encore isolément. |
41 à 50 | Stade Interdépendant : La sécurité est portée par le collectif, naturellement. |
Suggestions d’usage :
Il peut aussi être décliné par service ou site pour identifier les disparités internes.
Ce test peut être utilisé périodiquement pour mesurer l’évolution de la culture sécurité.
Pour conclure sur la courbe de Bradley
La courbe de Bradley permet d’une part de se situer en termes de prévention des risques et des accidents et d’autre part, de déterminer les actions à mettre en place afin de progresser. Il est impératif de pouvoir dresser un bilan de la situation afin de se fixer des objectifs clairs et atteignables.
Connaître la situation de l’entreprise, mettre en place des actions pour l’améliorer et communiquer est d’autant plus important que certains salariés sont des travailleurs isolés. Dati Plus vous accompagne dans vos démarches de prévention des risques et de sécurité de vos travailleurs isolés. Nos équipements PTI sont légers et simples à utiliser. Porté à la ceinture, dans un brassard, un porte-badge ou intégré à un vêtement, l’équipement GSM PTI est à même d’assurer un niveau de sécurité optimal pour tous vos travailleurs isolés. N’hésitez pas à nous contacter afin que nous déterminions ensemble la solution la plus adaptée à votre entreprise.





